Humanisme-Ecologie-République

Humanisme-Ecologie-République

Halte au scandale des marées vertes!

  

Les algues tueuses de sangliers

Les résultats des analyses toxicologiques réalisées sur les cadavres des sangliers retrouvés le 24 juillet dans l’estuaire du Gouessant, ont fait apparaitre une présence dans les poumons d’hydrogène sulfuré sur 5 parmi les 6 bêtes examinées. La concentration varie de 0,36 à 1,72 mg/kg.

L’autopsie des animaux permet de dire que ceux-ci sont morts à la suite d’une embolie, ce qui aux dire des spécialistes renforce le point de vue selon lequel les algues vertes – dont la prolifération est due à un excès de nitrate en provenance de l’agriculture et des lisiers des élevages de porcs – sont bien à l’origine du mal qui a frappé les sangliers.

Depuis c’est à une véritable hécatombe à laquelle l’on assiste dans ces endroits de Bretagne pourris par les algues vertes. Trente autres sangliers ont été découvert morts sur les plages.

Déjà un plainte devant le TGI de Paris en 2009

Chacun se souvient, c’était en 2009, lors d’une balade à cheval non loin de la plage de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes d’Armor, Vincent Petit avait perdu connaissance et son cheval est mort foudroyé. Les médecins qui ont examiné Vincent Petit ont rapidement émis l’hypothèse d’une intoxication générée par les gaz issus de la décomposition d’algues vertes. Des examens toxicologiques effectués sur le cheval ont fait apparaitre la présence de sulfure d’hydrogène dans les poumons ce qui a conduit à conclure que les algues vertes étaient en cause.

Une plainte au pénal a été déposée en septembre 2009 devant le TGI de Paris et une instance administrative est en cours devant le Tribunal de Rennes. Les conclusions ne sont pas attendues avant plusieurs mois.

Avant l’accident survenu à Vincent Petit plusieurs autres cas similaires se sont produits sans que pour autant ils aient été attribués formellement à une intoxication à partir des gaz provenant de la décomposition des algues vertes.

Il faut remettre en cause les modes intensifs de production agricole

Au-delà des insuffisantes mesures, décidées dans le cadre du plan «algues vertes», qui visent à augmenter les capacités de collecte de ces polluants dangereux, c’est plus globalement à une remise en cause des modes intensifs de production et d’élevage en Bretagne qu’il faudrait se consacrer.

Collecter les algues n’est qu’un pis-aller qui à l’usage se révèle nettement insuffisant, coûteux et générateur de gaz à effet de serre. Comme toujours ce n’est pas en agissant sur les effets apparents d’une pollution que l’on règle les problèmes mais bien en agissant sur à la racine des causes qui l’on provoqué.

Faute de prendre ce dossier à bras le corps et à le traiter au fond, le gouvernement et les autorités publiques s’exposent à devoir faire face demain à un problème majeur de santé publique. Ce n’est pas semble-t-il la voie dans laquelle semblent vouloir s’engager les pouvoirs publics.

Les algues en Bretagne sont bien mortelles!

Un rapport de l’INERIS rendu public le 19 août 2009 conclue à la toxicité pour les êtres humains, et de facto pour les animaux, des gaz issus de la fermentation des algues vertes. Oui les algues en Bretagne sont bien mortelles!

En septembre de la même année une «note confidentielle» du Préfet des Côtes d’Armor traitant de la prolifération des algues vertes a mis en cause les pratiques des professionnels de l’agriculture bretonne.

La Bretagne classée zone vulnérable au titre de la directive nitrates en 1994!

Et pourtant une sorte d’état de léthargie semble s’être emparée des pouvoirs publics locaux et nationaux. Tout est fait pour ne pas faire alors que la Bretagne est classée depuis 1994 en zone vulnérable au titre de la directive nitrates.

Le Tribunal administratif de Rennes, en octobre 2007 a même condamné l’Etat en raison de sa responsabilité dans la prolifération des «algues tueuses». Au titre de cette condamnation, l’État a dû verser des dommages et intérêts à une association de protection de l’environnement bretonne.

Les écologistes diabolisés par des politiques en dessous de tout!

Pire certains responsables politiques se laissent aller à des basses manœuvres de diabolisation des écologistes. C’est ainsi que le Conseil Régional PS de Bretagne n’a rien trouvé de mieux que d’engager une action devant le Tribunal, «pour atteinte à son image», contre France Nature Environnement qui avait lancé une campagne de sensibilisation choc en février de cette année. Il a heureusement été débouté.

Le Président de la République, spécialiste connu en anathèmes en tous genre, s’en est pris, lors d’un déplacement dans le Finistère pour parler Littoral, aux «intégristes écologistes» qui de leur côté auraient aimé de lui qu’il se prononce clairement sur les projets qui se concoctent au ministère de l’Agriculture en vue d’assouplir les règlements en matière d’épandage d’azote.

Cette affaire déborde très largement le fait des marées vertes par elles-mêmes.

Elle touche aux actions de reconquête de la qualité des eaux et des nappes phréatiques impactées comme elle touche les activités des secteurs de la mer et du tourisme. Le désastre écologique des «marées vertes» de Bretagne est aussi en passe de devenir une grave question économique et de santé publique.

Les associations de protection de l’environnement en Bretagne l’ont bien compris. Depuis l’apparition du phénomène, il y a près de 40 ans, elles ne cessent de lutter inlassablement sur le terrain. Elles, Eaux et Rivières de Bretagne et d'autres, demandent aujourd’hui la mise en application du principe de précaution en attendant mieux.

Appliquer le principe de précaution et le Grenelle de l’environnement!

Dans ce cadre, trois mesures d’application immédiate et de bon sens sont réclamées - Interdiction d’accès aux plages pour lesquelles la collectes des algues ne s’effectue pas quotidiennement, abandon des projets de décrets et d’arrêtés relatifs au relèvement des quantités de lisiers autorisés à l’épandage, accélération de la validation du programme d’action pour la baie de Saint-Brieuc qui est le premier site d’échouage des ulves.

De plus elles exigent tout simplement la mise en application d’une des mesures du Grenelle de l’Environnement qui prévoie une réduction de 40% de la pollution des eaux par les nitrates d’ici à 2015.

Seront-elles entendues ces associations qui depuis les premiers signes de morts suspectes se sont mobilisées pour dénoncer une situation qui ne fait qu’empirer?

Faudra-t’il qu’un drame humain se produise pour qu’enfin l’on finisse par entendre raison?



05/08/2011
6 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 618 autres membres