Humanisme-Ecologie-République

Emmanuel Giboulot, vigneron bio de Côte-d'Or comparaît ce lundi à Dijon pour avoir refusé d’obtempérer au printemps dernier, à un arrêté préfectoral qui visait à imposer un traitement des vignobles départementaux contre la cicadelle – cet insecte répand la flavescence dorée une maladie ravageuse pour les ceps de vigne –  après qu’un foyer de la maladie fut découvert aux environs proches de Beaune.

Les Ecologistes sont vent debout devant ce qu’ils considèrent comme un scandale et l’interprofession viticole de son côté s’inquiète maintenant d’une des conséquences pour ses affaires d’une publicité qui s’annonce particulièrement négative.

Viticulteur en biodynamie depuis les années 1970, Emmanuel Giboulot exploite en Côte de Beaune et Haute-Côte de Nuits 10 hectares de vigne qu'il ne traite pas même avec des pesticides naturels, en l’occurrence ici la pyréthrine.

Il justifie sa position en indiquant que tous les traitements sont de nature à rompre les « équilibres biologiques ».

Contrôlé en juillet par la Direction régionale de l'agriculture, le vigneron écologiste s’est  vu convoqué devant la justice. Il susceptible de voir prononcer contre lui une peine de six mois d'emprisonnement et une amende de 30.000 euros.

« C'est une maladie mortelle et très contagieuse, c'est pour cette raison que ces mesures sont obligatoires » et « pour que le traitement soit efficace, il faut que les vignes aient été traitées par tous », indique Olivier Lapôtre, le chef du Service régional de l'alimentation.

Ce à quoi lui répond Emmanuel Giboulot qui juge le traitement à titre préventif totalement injustifié : « Cet insecticide tue sans discernement toute la faune auxiliaire indispensable aux équilibres naturels, abeilles comprises. C’est un peu comme si on vous soumettait de force à une chimiothérapie, au prétexte que vous risquez d’avoir un cancer…»

La question peut toutefois se poser : y avait-il urgence à agir ? -

En effet selon la préfecture de Bourgogne une seule parcelle de 0,20 hectare était concernée par la maladie en 2013 contre 11,3 ha en 2012. Cette minuscule parcelle devait en outre être arrachée.

L'avocat du vigneron, Me Benoist Busson, pointe de son côté l’incompétence du Préfet à agir. Selon lui « seul le ministre » pouvait prendre la décision dès lors qu’aucune urgence motivée ne figurait dans l’arrêté.

« La liberté de choix, en l'absence de menace sanitaire avérée, devrait être de mise », répond Sandrine Bélier, députée européenne EELV du Grand Est, à Denis Thiéry, directeur de recherches à l'Institut national de recherche agronomique de Bordeaux qui a déclaré à propos du dossier : « les plans de lutte doivent être respectés» faute de quoi « c'est comme refuser de se vacciner quand c'est obligatoire».

Face à l'ampleur que prend l'affaire, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) par la voix de Claude Chevalier son Président « Non, la Bourgogne ne pollue pas » lorsqu’elle traite ses vignes.

Au nom de quelle raison supérieure devrions nous nous plier aux déclarations péremptoires des productivistes de tous poils pour qui seul compte le plus haut niveau de retour sur investissement à l’hectare de terre exploitée jusqu’à plus soif et jusqu’à ce que mort s’en suive par cancer, sans soucis des dégâts faits tant aux hommes qu’à la nature.

Cette assignation est une « absurdité » a déclaré Sandrine Bélier.

C’est bien ce que nous pensons au final ce d'autant que des solutions alternatives semblent bien exister en Suisse et en Belgique.  

Bernard FRAU

Délégué général

Humanisme-Ecologie-République