Avec ses taxis autonomes, Uber fonce à toute vitesse pour remplacer l'humain
Un véhicule autonome d'Uber testé à Pittsburgh, aux Etats-Unis. - UBER
Alors que Google peaufine depuis plusieurs années sa voiture autonome, l’entreprise vient d’être coiffée au poteau par Uber. Cette semaine, la sulfureuse start-up a lancé un premier test grand public à Pittsburgh. Avec un objectif : éliminer, à terme, ses chauffeurs et faire exploser ses bénéfices. Fidèle à sa stratégie, Uber fonce pied au plancher. Mais l’entreprise va-t-elle trop vite ?
De 0 à 100 en moins de deux ans
Uber dispose actuellement d’une flottille d’une vingtaine de Ford Fusion modifiées. Les véhicules embarquent des caméras, des radars, des sonars et un lidar, ce gros gyrophare qui tourne sur le toit et mesure les distances avec un laser. Surtout, deux ingénieurs d’Uber sont à bord, pour récolter des données et reprendre un contrôle manuel en cas de besoin. Le passager, lui, est sélectionné aléatoirement via le service UberX, doit donner son accord et bénéficie d’une course gratuite.
Uber est passé aux choses sérieuses en 2015. L’entreprise a débauché plus de 40 ingénieurs et chercheurs de l’université Carnegie Mellon. Le mois dernier, son patron, Travis Kalanick, a également dépensé plusieurs centaines de millions de dollars pour acquérir la start-up de camions autonomes Otto et signé un partenariat de 300 millions de dollars avec Volvo.
Une centaine de SUV modifiés du constructeur suédois devraient envahir les rues de Pittsburgh en 2017.
La technologie encore en phase de test
Les premiers échos de la presse américaine sont largement positifs. Les voitures ont navigué sans souci dans une ville à la circulation dense, y compris sur ses ponts – des obstacles traditionnellement compliqués à négocier pour les véhicules autonomes – comme le détaille le testeur de Wired.
En revanche, celui de The Verge raconte que son taxi est resté coincé derrière un SUV arrêté au milieu de la chaussée et a été incapable de comprendre le geste universel de la main du conducteur qui l’invitait à contourner son véhicule.
L’inattendu est le grand défi pour les algorithmes.
L’autre limitation, c’est l’immense préparation nécessaire avant de pouvoir naviguer dans une nouvelle ville. Uber a intégralement cartographié Pittsburgh – comme Google à Mountain View – et n’est pas encore capable de s’aventurer en dehors de son terrain de jeu balisé sans risque.
Enfin, on ne sait pas comment sa flottille se comportera par temps pluvieux et surtout neigeux – le gros point faible de la technologie Lidar. L’avantage pour l’entreprise avec un service à la demande, c’est qu’elle peut décider de laisser ses véhicules autonomes au garage en cas d’intempéries.
Le spectre du crash mortel d’une Tesla
Le 7 mai dernier, une Tesla Model S avec son Autopilot activé a tué son passager en fonçant sous un semi-remorque.
Les deux technologies sont toutefois différentes. Pour Tesla, il ne s’agit que d’une conduite assistée – les mains du chauffeur doivent, en théorie, rester sur le volant à tout moment.
Surtout, l’entreprise d’Elon Musk refuse pour l’instant d’utiliser un Lidar, trop cher et trop encombrant à 70.000 dollars pour 80 kilos. Elle pense pouvoir faire aussi bien en combinant radar, sonar et caméras.
L’entreprise vient d’ailleurs de mettre à jour son programme Autopilot pour qu’il donne la priorité aux données du radar sur celles des caméras. Uber, de son côté, reste fidèle à sa stratégie : foncer et profiter de l’absence de régulations claires aux Etats-Unis, et poser des questions ensuite.
Joan Clay, l’ancien directeur de l’agence américaine pour la sécurité routière, s’emporte dans le Washington Post, estimant que cette fois, les usagers « jouent les cobayes ».
Economiquement, un jackpot potentiel
Au premier semestre 2016, Uber a perdu 1,27 milliard de dollars. Du jamais vu pour une start-up, même à l’époque de la bulle Internet. La faute à des investissements lourds, notamment en Chine, mais surtout aux subventions salariales versées à ses 1,5million de chauffeurs présents dans 500 villes.
Uber touche entre 20 et 35 % de chaque course rappelle Recode. Traduction : entre 65 et 80 % va aux conducteurs. Eliminer l’humain pour le remplacer par la machine, voici donc l’étape finale de « l’uberisation » de l’économie.
Source
Philippe Berry
Publié le 15.09.2016 à 22:56 Mis à jour le 15.09.2016 à 23:12
Plus
http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/a-quoi-ressemblent-voitures-chauffeurs-duber/
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