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Quand Paris «oublie» d'être virulent sur le Yémen

La salle municipale bombardée samedi à Sanaa, au Yémen. Photo Khaled Abdullah. Reuters

L'Arabie Saoudite, fortement soupçonnée d'avoir bombardé une cérémonie funéraire à Sanaa samedi, est aussi le premier client militaire de la France.

Il faut saluer l’action de la France, et de Jean-Marc Ayrault, qui s’active un peu tout seul et sur tous les fronts à ne pas laisser tomber Alep écrasée par les frappes syriennes et russes.

Le silence – le très sec communiqué du Quai d'Orsay publié ce dimanche – de la diplomatie française après la mort de plus de 140 personnes samedi lors d’une attaque aérienne à Sanaa, la capitale du Yémen, est d’autant plus gênant.

Que se passe-t-il dans ce conflit qui s'y déroule et ne fait pas la une des médias ?

Pour aller vite, des rebelles houthis chiites soutenus par l’Iran s’opposent aux forces alliées au président déchu Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyées par l’Arabie Saoudite, régulièrement accusée de crimes de guerre au Yémen.

Le bombardement de samedi s’ajouterait à la longue liste de ces crimes qui, comme en Syrie, vise particulièrement les civils et les hôpitaux.

Les Houthis ont attribué ce «massacre» à la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, à laquelle participent une dizaine de pays arabes. Washington a annoncé l'«examen immédiat» de son soutien à Riyad, qui a, sans surprise, nié toute implication dans le massacre.

Si même les Américains, pourtant fidèles alliés des Saoudiens, en sont à examiner la situation, on se demande bien pourquoi la France la joue si prudente. Et se borne à renvoyer les deux parties dos à dos. A se faire champion du «jugement de l’histoire» en Syrie, la France se met dans l’embarras au Yémen.

Et invite à la critique.

Quelles seraient donc les raisons de la tiédeur française à condamner Riyad aussi fortement que Washington ?

Y aurait-il des raisons d’établir un parallèle avec les excellentes relations qu’entretiennent la France et l’Arabie saoudite en matière de ventes d’armes? 

C'est un fait: Paris a explosé ses ventes d'armes en 2015 avec un record historique de 16 milliards d'euros, et l'Arabie saoudite est son premier client. 

Il faut bien vivre, répondront les tenants d’une realpolitik à double détente.

Rappelons en effet que la France a ratifié le Traité sur le commerce des armes (TCA) qui interdit à un pays d’en vendre s’il y a une possibilité qu’elles soient utilisées pour violer les droits humains. Ce qui est précisément le cas dans la guerre que livrent les Saoudiens au Yémen.

Paris doit désormais lever toutes les ambiguïtés dans ce dossier s'il veut continuer à porter une voix ferme et forte sur Alep et la tragédie syrienne.

Source

                       

Johan Hufnagel  9 octobre 2016 à 19:11

 

http://www.liberation.fr/planete/2016/10/09/quand-paris-oublie-d-etre-virulent-sur-le-yemen_1520750

 

Pour lire plus

  • Quand Paris «oublie» d'être virulent sur le Yémen

 

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/10/10/l-arabie-saoudite-a-nouveau-pointee-du-doigt-apres-un-bombardement-aerien-sur-sanaa_5010798_3218.html#iAqQvsGAKChIQwIM.99

 

Après un bombardement à Sanaa au Yémen, le 8 octobre. MOHAMMED HUWAIS / AFP

Plus de140 personnes ont été tuées et des centaines blessées samedi, selon l’ONU, dans
la capitale du Yémen, Sanaa -

MOHAMMED HUWAIS / AFP



10/10/2016
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