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Polices Municipales: Faut-il les équiper d’armes létales. Oui, Non?

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Les attentats du 11 janvier 2015 ainsi que le meurtre de Clarissa Jean Philippe, jeune stagiaire à la police municipale de Montrouge, ont, très légitimement, provoqué une très grande indignation chez les Français.

Du coup l’Etat, allant dans le sens de la forte émotion des citoyens, a, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, mis à disposition des villes 4000 révolvers et 8000 gilets pare-balles.

Dans le même temps, Robert Ménard, le maire à Béziers soutenu par Marine Le Pen et le FN a lancé une campagne d'affichage sur le mode ambigu « la police municipale a un nouvel ami». Slogan d'une évidente volonté provocatrice montrant une arme affublée d’un écusson tricolore sur fond bleu marine.

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Le premier flic de France, Bernard Cazeneuve, a vivement réagit «L'outrance de cette campagne ne peut qu'aboutir à de graves contresens. Réduire l'action des forces de l'ordre à leur arme, c'est en premier lieu méconnaître la conception qu'elles se font de leurs missions».

Un peu plus tard il ajoutait, «Entre considérer qu'il est nécessaire de protéger les policiers face à un risque et faire des armes leur meilleur ami avec tout ce que cela véhicule de provocation, d'incompréhension de ce que sont les valeurs de la République, c'est irresponsable dans le contexte».

Au-delà de cette polémique médiatique qui sur le fond n’a pas vraiment grand intérêt si ce n’est de porter sur la place publique la duplicité d’un ministre de l’intérieur qui fournit des armes et la mégalomanie un maire qui en ajoute une couche, la question de l’armement des policiers municipaux pose de véritables questions de fond

Faut-il céder à l’émoi encore une fois légitime pour décider de renforcer l’équipement des policiers municipaux en les dotant d’armes létales ?

Pour ma part la réponse n’est pas d’une évidence absolue. Pourquoi ?

D’abord parce que les communes n’ont pas à se substituer à l’Etat qui compte parmi ses fonctions régaliennes une mission de sécurité des biens et des personnes sur la totalité du territoire.

Ensuite les Maires détiennent au titre de leur mandat un pouvoir de police dite administrative. Il n’est pas, dans l’esprit de la République, question que de dérives en dérives on en arrive à en faire des shérifs à l’américaine.

L’actualité américaine est là pour nous alerter sur les risques des polices municipales armées. Depuis Ferguson, plus d'une dizaine de Noirs ont été tués par la police aux États-Unis

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 North Charleston, en Caroline du Sud, un policier aurait tiré huit fois dans le dos de l'homme, qui COURAIT après s'être fait arrêter lors d'un banal contrôle routier. 

A l’heure actuelle en France un policier municipal sur deux et doté d’une arme létale soit 9500 agents. Nombreux sont les dirigeants politiques, dont la l’horizon politique ne dépasse pas les niveaux de dépenses imposés par Bruxelles pour rentrer dans les clous, qui aujourd’hui se sentent des ailes pour transférer sur le dos des collectivités une charge qui incombe à la Nation. La question est récurrente depuis au moins 20 ans. Il faut s’y opposer avec force et vigueur. Pourquoi ?

D’abord parce que les communes pauvres avec peu de moyens ne disposeront pas des mêmes possibilités que les communes riches pour assurer la sécurité de leurs habitants.

Ensuite parce que ce déséquilibre de ressource entraînera de facto un déplacement de la délinquance en zone périurbaine et rurale dont personne ne voudra ou pourra s’occuper.

Enfin et au risque de faire hurler les « vierges effarouchées », parce qu’en cas de troubles civils ou politiques incontrôlés les Maires disposeront de « milices » dévouées dont il n’est pas sûr qu’elles seront missionnées pour des fonctions strictes de maintien de l’ordre.

Pour toutes ces raisons il apparaît plus que nécessaire d’être vigilant et intransigeant.

Partout les polices municipales doivent se cantonner à poursuivre les missions de proximité qui sont les leurs – circulation, contrôle en matière de stationnement, d'îlotage, de sécurité routière et de salubrité publique –.

L’Etat de son côté ne doit pas jouer à l’apprenti sorcier en faisant mine d’agir tout en se désengageant. L’opération armes et gilets est de ce point de vue une farce médiatique. Les pistolets manurhin », calibre 38, affectés à cette opération  seraient anciens et du coup susceptibles de générer des coûts d'entretien importants.

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En outre l’Etat doit veiller à la coopération et une coordination régulière des forces disponibles, Gendarmerie, Police Nationale et Polices Municipales ainsi qu’au maintien de chaque corps de fonctionnaires dans son champ de compétences.

Nos concitoyens n’attendent rien d’autre que de pouvoir vivre tranquillement, libres d’aller et venir sans risque pour leurs biens, leurs enfants, leurs proches et eux-mêmes. Rien de plus rien de moins et ce n’est pas en armant les polices municipales que l’on parviendra à cet objectif.

Bernard FRAU

 



10/04/2015
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