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LE CONTE DU POT FÊLÉ

Heureux soit les fêlés, car ils laissent passer la lumière.

Michel Audiard

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Il y a quelques jours, je me trouvais chez des amis dont l’un des enfants subit un handicap. Lors d’un jeu collectif, il s’est mis à part, boudeur, triste, silencieux. Je me suis approché de lui et il m’a confié ce que je devinais, à savoir qu’il avait honte d’infliger son handicap à ses frères et à ses parents. Alors m’est revenu en tête un vieux conte chinois, le conte du pot fêlé… Je le lui ai raconté, il l’a apprécié ; je vous le raconte aussi, parce que j’imagine que vous rencontrez parfois ce genre de situation.

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LE CONTE DU POT FÊLÉ

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Une vieille dame habitait loin de la rivière ; chaque jour, elle devait s’y rendre pour y puiser de l’eau et la rapporter chez elle. Afin de parcourir le kilomètre qui la séparait de la berge, elle se servait de deux grands pots, qu’elle suspendait au bout d’une perche posée derrière son cou.

Un pot était fêlé, l’autre en parfait état. Chaque fois, à la fin de la marche, le pot fêlé avait perdu la moitié du liquide qu’il transportait. La vieille dame semblait ne pas s’en rendre compte, malgré le déséquilibre que ces fuites occasionnaient, et semblait satisfaite de ses deux pots.

Cependant le pot fêlé commençait à se sentir coupable - d’autant que le pot parfait se montrait légitimement fier de ne jamais gâcher la moindre goutte qu’il transportait. Le pot fêlé se tourmentait. Son impuissance lui faisait honte. Progressivement, il se laissait envahir par la tristesse, rongé par la culpabilité, désolé de n’accomplir que la moitié du travail pour lequel il avait été conçu.

Un jour, après deux ans de service, il profita d’un moment où la vieille dame le plongeait dans les flots pour lui dire :

Pardonne-moi, je suis une erreur. Je n’aurais jamais dû voir le jour. Abandonne-moi ici.

La vieille dame s’étonna. Pourquoi me dis-tu cela ? T’ai-je maltraité sans m’en rendre compte ?

Oh non, c’est moi qui te trahis. Malgré mes efforts, je perds la moitié de l’eau que tu me confies. Noie-moi ici, cela vaudra mieux.

La vieille dame sourit, hissa son fardeau sur ses épaules, et prit le chemin du retour. N’as-tu jamais remarqué la splendeur du chemin ? Chaque année, je sème des graines sur ses bords. Grâce à l’eau que tu leur donnes, les graines deviennent des fleurs gracieuses et hautes, que caresse la brise. De temps en temps, j’en cueille pour décorer et parfumer ma maison.

Sans toi et tes fêlures, je ne verrais que mes vieux pieds sur le sol poussiéreux et ma maison resterait triste, je ne profiterai pas de toutes ces beautés !

Source :

http://www.emmacollages.com/20…/…/une-legere-difference.html

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Pour en dire un peu plus

S'il fallait tirer brièvement une philosophie de la vie à partir de ce subtil conte chinois, je proposerai ceci. Chacun de nous avec ses imperfections, ses faiblesses et ses brisures participe au grand concert de la Vie. Qualités et défauts nul n'en est dispensé. Et sur le chemin tous se blessent en tentant de donner un sens à leur vie. Cela constitue, pour nous tous un champ immense de réflexions, de liens et partages pour autant que comme le disait Saint-Exupéry chacun  prenne bien soin de regarder tout cela avec les yeux du cœur. Ces yeux du cœur qu’un certain modèle contemporain de mal-vivre ensemble manque trop souvent à notre sensibilité .que l'on cache pour ne pas paraître faible alors que c'est une force.

Bernard FRAU

 



31/08/2015
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