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La rénovation des centrales nucléaires inquiète la Cour des comptes

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A l’horizon 2030, EDF va devoir supporter la maintenance lourde et la rénovation du parc nucléaire français.

Bob Edme/AP/SIPA

 

Les sages s’inquiètent des besoins en recrutement et en formation liés au programme d’investissement d’EDF, ainsi que des incertitudes liées à la loi sur la transition énergétique.

Les sages ont placé dans leur collimateur le programme de « grand carénage » d’EDF. Désignant les investissements de maintenance lourde et de rénovation du parc nucléaire que devra supporter l’électricien à l'horizon 2030.

Ce grand programme suscite leurs inquiétudes sur deux points en particulier : les besoins en recrutement et en formation nécessaires dès 2020, ainsi que les incertitudes liées à la loi sur la transition énergétique et à son objectif de réduire la part du nucléaire à 50 % de la production électrique.

EDF a lancé son projet de « grand carénage » dès 2011, afin de répondre aux nouvelles normes de sûreté post-Fukushima, mais aussi dans l’espoir de prolonger la durée de vie des 58 réacteurs en fonctionnement, de quarante à soixante ans.

L'électricien a chiffré ce grand programme à 55 milliards d’euros sur la période 2014-2025, une somme que la Cour des comptes juge « cohérente » avec ses propres estimations.

Mobilisation insuffisante

La Cour a toutefois retenu une période plus longue, de 2014 à 2030, sur laquelle les dépenses s’élèveront à 100 milliards d’euros (75 milliards d’investissements, et 25 milliards d’exploitation).

Elle estime que ces investissements n’auront pas d’impact significatif sur le coût de l’électricité par rapport à aujourd’hui.

Mais elle souligne que ce coût a beaucoup augmenté entre 2010 et 2013, de 49,6 à 59,8 euros/mégawatheure (euro/MWh), et même à 62,6 euro/MWh en 2014, « en raison de la forte hausse des investissements de maintenance », écrit-elle.

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Les sages soulignent que les projets industriels d’EDF dans le nucléaire, pour ce grand programme mais aussi pour les nouvelles centrales en France et à l’export, nécessiteront 110.000 recrutements d’ici à 2020, en emplois directs et indirects, dont 70.000 de niveau Bac professionnel à Bac +3.

Et ce alors que près des deux tiers des entreprises de la filière ont déjà du mal à recruter dans certains métiers, comme la tuyauterie-soudage, la robinetterie, ou les bureaux d’étude.

« EDF a aussi identifié une faiblesse de la ressource d’encadrement, alors même que les délais de formation sont longs », rappellent-ils. Soulignant la nécessité de mettre en place des formations et de les promouvoir, ils regrettent l’attentisme en vigueur, en particulier de la part des pouvoirs publics.

« La mobilisation des acteurs n’est pas à la hauteur des enjeux en matière de recrutement et de formation. L’Etat peine à se mobiliser, notamment en matière de formation professionnelle », écrivent-ils.

Fermeture de 17 à 20 réacteurs

L’autre grand sujet de préoccupation de la Cour des comptes est relatif à l’objectif, inscrit dans la loi, de réduire la part du nucléaire à 50 % de la production électrique à l’horizon 2025.

« A hypothèses constantes de consommation et d’exportation d’électricité à cet horizon, [cet objectif] aurait pour conséquence de réduire d’environ un tiers la production nucléaire, soit l’équivalent de 17 à 20 réacteurs », écrivent les auteurs du rapport, couchant ainsi noir sur blanc ce que la plupart des experts répètent depuis de nombreux mois.

Aucune évaluation n’a encore été réalisée sur l’impact économique de cette loi, mais la Cour pointe qu'elle ne sera pas vraiment neutre pour EDF.

Elle estime la perte de revenus annuels à 5,7 milliards d’euros, la baisse des charges d’exploitation à 3,9 milliards et celle des investissements de maintenance à 1,5 milliard...

Sans parler de la perte de valeur du patrimoine de l’électricien ou de l’impact sur l’emploi.

La Cour insiste donc sur la nécessité d’établir une telle évaluation, dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui doit fixer les trajectoires des différentes énergies, et qui est désormais prévue « pour avril ou mai 2016 », écrit-elle. Il n’est toutefois pas sûr qu’elle soit entendue.

Dans sa réponse écrite, la ministre de l’Energie, Ségolène Royal, indique que la PPE intégrera « un jeu d’hypothèses », qui aboutiront à différents scénarios « contrastés » destinés à être « affinés dans les PPE successives ».

Anne Feitz / Journaliste

 

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Les Echos| Le 10/02 à 09:45, mis à jour à 10:30

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10/02/2016
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