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Fessenheim: encore 10 ans d'activité

 

Le 4 juillet, dans un rapport rendu public lors d’une conférence de presse, l'Autorité de Sûreté Nucléaire indique que l’activité du réacteur N°1 de la centrale de Fessenheim – plus vielle centrale du parc nucléaire français – en service depuis 1977 peut être prolongée de 10 ans.

Le rapport, qui fait suite à une mission d’audit décennale «in situ» qui s’est déroulée entre octobre 2009 et mars 2010, soit avant la catastrophe de Fukushima, conditionne cette prolongation d’activité à la mise en œuvre de plusieurs mesures d’accompagnement.

Parmi ces mesures qui retiennent plus particulièrement l’attention, figurent: le renforcement de la dalle support en béton sous la cuve du réacteur – pour en d’augmenter la capacité à supporter une chute éventuelle du cœur en fusion en cas de percement de la dite cuve – ou la mise en place d’une «source froide» de secours alternative à l’actuel canal du Rhin en cas d’inopérabilité de celui-ci.

Ces travaux à réaliser dans un espace confiné hautement radioactif, ne pourront l’être que par des robots mécaniques et à un coût exorbitant. Cet aspect des choses n’est pas pour réjouir EDF qui dès lors s’interroge sur l’opportunité de poursuivre l’exploitation.

Cette décision de l'ASN montre à quel point les responsables de la filière nucléaire se soucient comme d’une guigne de la volonté des populations qui se situent dans l’environnement immédiat de la centrale. On est à 1,5 km de la frontière allemande et à 40 km de la Suisse et les populations suisse et allemande réclament la fermeture de la centrale qui, il faut le rappeler, est implantée dans une zone de fracture sismique.

 

La Suisse et l’Allemagne qui ont par ailleurs décidé de sortir du nucléaire ne comprennent pas l'idée de voir leurs ressortissants soumis à des risques dont eux-mêmes ont décidés de s'affranchir.

Quand aux Français ils manifestent dans une très large majorité – près de deux sur trois – leur volonté de sortir du nucléaire. C'est dire l'incongruité de la décision de l'ASN.

 

Du coup il ne faut pas exclure que le gouvernement dans cette affaire ne soit pas en train de poursuive une stratégie électoraliste en vue d’afficher début d’année 2012 une posture favorable à une politique française de sortie programmée du nucléaire. Nicolas Sarkozy n’est pas à son premier retournement près de discours. Plusieurs indices laissent à penser que cette hypothèse n’est pas à écarter.

 

L’insistance des uns et des autres pour indiquer que la décision finale ne sera prise que fin décembre après que EDF ait rendu sa copie des «stress tests» exigés par l’Union Européenne après la catastrophe de Fukushima.

 

Les réticences d’EDF au regard des coûts des travaux à engager ainsi que les déclarations de l’actuelle Ministre de l’Environnement, les propos de François Hollande et de Martine Aubry sur leur conversion à la nécessaire sortie du «tout nucléaire» - notez la nuance - tout cela va dans le sens d’une mystification.

 

François Mitterrand en son temps n’avait pas fait autre chose quand dans ses 110 propositions de campagne pour la présidentielle de 1981 il avait pris des engagements de sortie du nucléaire. Trente plus tard chacun peut évaluer la sincérité de celui qui nous avait promis de «changer la vie». Entre temps Jospin et Voynet auraient pu agir! Force est de constater que paroles roses ou vertes se sont bien accordées pour qu’en actes rien ne se passe.

La raison commande aujourd’hui de procéder à la fermeture immédiate de la Centrale de Fessenheim. Sa conception, son implantation, sa vétusté et la volonté des populations exigent cette fermeture parce qu’elle est nécessaire. Laisser se poursuivre son exploitation est une faute politique grave qui devra être sanctionnée comme il se doit.

 

A l’heure où la catastrophe de Fukushima a mis en évidence les impasses techniques et financières, les mensonges dont peuvent être capables les responsables des filières nucléaires et les gouvernements qui les soutiennent, seuls peuvent compter pour les populations la mise en œuvre d’actes concrets.

 

En la circonstance le seul acte concret susceptible d’être considéré avec intérêt réside dans le choix d’un arrêt immédiat de Fessenheim comme première étape en France d’une sortie programmée du Nucléaire.



06/07/2011
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