Drancy: un wagon de déchets nucléaires déraille, pas de fuite

un train de déchets nucléaire

Un wagon qui transportait des matières radioactives – déchets nucléaires – a déraillé lundi après-midi en pleine gare de triage à Drancy en Seine-Saint-Denis.

Comme c’est la règle en matière d’information les autorités balancent un message qui se veut rassurant à la limite du ridicule.

Selon les éléments rapportés, à 16h 13 le train aurait déraillé à faible vitesse, sans pour autant se coucher sur la voie. Une enquête a été ouverte pour définir les causes de ce que les autorités veulent considérer comme un « incident ».

le wagon

Jean-Michel Génestier – directeur adjoint de SNCF Geodis – a déclaré qu’il n'y avait « pas de raison de s'inquiéter », que l’on avait affaire à « un incident mineur » et que « le wagon qui a déraillé allait être simplement remis sur la voie », concédant qu’il était légitime pour les élus de s’interroger.

De son côté le Maire de Drancy loin de se s’interroger, dénonce sur son compte twitter un scandale d’impréparation et d’anticipation des autorités : «Je confirme le wagon déraillé à DRANCY est nucléaire Pompiers, Policiers et Cheminots ne s'approchent pas car ne sont pas équipés. Scandale!».

Jean-Christophe Lagarde a de bonnes raisons de s’indigner.

Mercredi 11 décembre c’est un wagon de produits chimiques qui avait déraillé. Heureusement, le wagon d'acide chlorhydrique était vide. On peut se demander ce qui se serait passé dans l’hypothèse où le wagon avait été chargé et si le chargement s'était répandu dans la gare.

Suivant ce wagon, un wagon de nitrate d'ammonium – le produit qui a causé la catastrophe à l'usine AZF de Toulouse –.

Pris un par un les accidents sont toujours minimisés par les autorités. Mais jamais n'est posée publiquement la question de savoir ce qu'il en sera le jour où, par malheur, se produira à cet endroit par effet domino un premier accident qui entraînera un enchaînement d’accidents successifs incontrôlés qui au final aboutira à une catastrophe meurtrière de grade ampleur.

La gare de triage de Drancy, classée en zone Seveso, constitue de ce point de vue un point très sensible de sécurité.

la gare de triage

Située en pleine zone urbaine, on y trie chaque année plus de 200 000 wagons dont près de 10 % contiennent divers produits chimiques – chlore, ammoniac, acides –.

Dans un rapport rendu public il est signalé qu'une fuite dans un wagon de chlore aurait pour conséquence l’apparition d’un risque mortel jusqu’à 2600 mètres 2 600 mètres autour de la gare de triage triage.

A l’intérieur de ce périmètre vivent 220 000 personnes !

Les municipalités concernées – Drancy, Le Blanc-Mesnil, Le Bourget – se sont prononcée pour le déménagement du triage.

Tant la SNCF, que Réseau Ferré de France, que le gouvernement ne semble pressés de faire le nécessaire.

« Pour la population, c'est insupportable de vivre avec ce danger de mort. Cette fois-ci, je veux que le gouvernement se saisisse de ce dossier. Qu'est-ce qu'ils attendent pour réagir, des morts ? s’est indigné Jean-Christophe Lagarde, le Député maire UDI de Drancy

Il est probable que le déplacement du site en zone non urbaine entraîne des dépenses d’investissements importantes.

Certes mais qui paye sinon les citoyens ? En matière de sécurité les arbitrages ne doivent-il pas d’abord se faire en direction de la sauvegarde de la vie et du bien-être des habitants ?

L’Etat quand il le souhaite sait bien passer en force, assez souvent à tort d’ailleurs.

Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler que le Premier Ministre Ayrault permet aujourd’hui, contre l’avis de dizaines de milliers de personnes – écologistes, agriculteurs, simples citoyens – le démarrage des travaux de l’Aéroport plus que contesté de Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique.

Ces attitudes récurrentes de refus d’écoute de la part des autorités administratives ou gouvernementales à l’égard des citoyens sont d’autant plus insupportables qu’elles sont généralement accompagnées d’une grande arrogance souvent matinée de grande condescendance méprisante et infantilisante.

Trop c’est trop, il va falloir que l’administration et les autorités gouvernementales se mettent bien dans le crâne que "les citoyens ne sont pas des moutons " et qu’un beau jour ils leur feront durement payer le prix de leur comportement coupable.