Humanisme-Ecologie-République

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COCHIN: lettre ouverte à Martin HIRSCH

Fédération des personnels des services publics et de santé

FORCE OUVRIERE

SYNDICAT NATIONAL DES MEDECINS HOSPITALIERS

SNMH - FORCE OUVRIERE

153-155 rue de Rome 75017 PARIS

snmh.fo@fosps.com

À

Monsieur Martin HIRSCH

Directeur Général de l’AP-HP

3 Avenue Victoria

75004 Paris

 

Paris, le 7 mars 2014

 

Lettre ouverte à Monsieur Martin HIRSCH

 

Monsieur le Directeur Général,

Médecins hospitaliers, nous avons pris connaissance du texte intitulé :

« Décès d’une patiente à l’Hôpital Cochin (AP-HP) : Publication des conclusions de l’enquête et des recommandations » émanant du Bureau d’Enquête-Analyse du Groupe Hospitalier «Hôpitaux Universitaires Paris Centre» (HUPC), qui relève de vos services.

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Ce document résulte d'une enquête diligentée à la suite de la survenue du décès d'une patiente dans le service d'accueil des urgences de l'hôpital Cochin (AP-HP) le 15 février 2014.

Dans ce document on lit : « l’anomalie qui préoccupe est de ne pas avoir trouvé la patiente et non pas son décès. » Cette phrase est le reflet de tout le contenu de ce texte et des recommandations qu’il contient.

Nous médecins, sommes indignés aussi bien par le contenu que par la méthode de cette publication !

Dans les faits : cette patiente de 61 ans arrive aux urgences à 16h30. Elle est « classée » par l’infirmière d’accueil comme devant être prise en charge dans l’heure.

Un médecin envoie un étudiant hospitalier à 21h30 pour l’examiner, mais personne ne trouve la malade. On la découvre sans vie à 23h et le décès est constaté à 23h10.

Selon vos rapporteurs, les causes du décès sont sans intérêt…

Mais nous, médecins, sommes scandalisés qu’on juge normale une situation de charge de travail telle qu’il y avait 5 heures d’attente aux urgences pour une personne qui aurait dû être examinée dans l’heure. Chose inouïe, on ne l’a pas trouvée au milieu des autres patients tant ils étaient nombreux dans la salle d’attente !

Voilà bien les conséquences tragiques de la situation dans laquelle vous-même et vos prédécesseurs avez plongé les hôpitaux de l’AP-HP.

Le dernier coup porté, en novembre dernier, et non le moindre, est la fermeture de l’Hôtel-Dieu. Depuis ce sont 120 patients par jours que vous dirigez vers des services que vous savez déjà surchargés.

Car ce n'est pas faute de vous avoir prévenu. En effet, à maintes reprises, les personnels hospitaliers, les médecins et leurs organisations syndicales vous ont alerté sur le danger de débordement des services d’urgence restants.

C'est fait, le premier accident est arrivé. Il est à craindre qu'il ne soit pas le dernier !

Vos rapporteurs affirment : « le jour de l’événement, la situation en personnel était conforme à ce qu’elle doit être habituellement ». Ils affichent leur satisfaction de constater que les « sorties sans avis médical » qui « sont fréquentes dans un contexte d’attente longue, 7 à 12 cas journaliers, sont stables malgré la récente augmentation des passages quotidiens ».

Quelle bien curieuse façon de concevoir la médecine !

Mais surtout, nous médecins, sommes indignés que l’on condamne froidement les urgentistes parisiens à subir une telle situation quotidienne et définitive.

Tous les jours, avec des moyens insuffisants, ils reçoivent un nombre de patients comparable à l'afflux massif de victimes observé lors d’une catastrophe exceptionnelle. Que se passerait-il d'ailleurs dans une telle situation ?

 

Monsieur le Directeur Général, comment pouvez-vous accepter:

- que dans un service d’urgence une patiente soit morte sans que personne ne s'en rende compte,

- qu’il y ait plus de 7 heures d’attente dans la plupart de vos services d’urgence en raison du trop grand nombre de malades reçus,

- et en même temps qu’un superbe service d’urgence à l’Hôtel-Dieu, parfaitement équipé et pouvant délester les autres services surchargés, reste vide faute d’une décision de votre part ?

Monsieur le Directeur Général, Il est de votre devoir d’octroyer à tous les services d'urgences de l'AP-HP dont vous avez la responsabilité les moyens en médecins et personnels réclamés depuis si longtemps.

Monsieur le Directeur Général, il est de votre devoir de rouvrir immédiatement les urgences à l’Hôtel-Dieu de Paris.

Monsieur le Directeur Général nous vous demandons, compte-tenu de la gravité de la situation, de nous recevoir.

Dans l’attente de cette entrevue, recevez Monsieur le Directeur Général, l'expression de nos salutations, respectueuses de votre fonction liée à la défense de l’Hôpital Public.

Le bureau national du SNMH-FO

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Le point de vue d'Humanisme-Ecologie-République

 

Une lettre ouverte de plus à Martin HIRSCH, la pression monte sur les épaules de celui qui a toujours fait montre d'un humanisme fort dans ses engagements.

Le voilà aujourd'hui confronté à une situation où il lui demandé de mettre en oeuvre une réforme aux préoccupations gestionnaires et financières  qui renvoient la sensibilité humaniste au rang de priorité subalterne alors que celle- ci devrait prévaloir dans tout service public de santé digne de ce nom.

« L’anomalie qui préoccupe est de ne pas avoir trouvé la patiente et non pas son décès. » Voilà comment l'on envisage les choses aujourd'hui en  France dans le milieu hospitalier. Les procédures avant les êtres humains tout comme dans la production en série à l'usine.

Ce n'est plus le patient qui intéresse les acteurs de la haute-administration et les mandarins qui les contrôlent mais sa pathologie et les thérapies que l'on pourra lui prescrire pour la bonne santé de "BIG-PHARMA".

Le patient est "chosifié", "instrumentalisé". C'est un drame de civilisation qui se joue en ce moment dont le théâtre est l'hôpital publique.

Il importe qu'une prise de conscience citoyenne forte  émerge pour faire cesser cette casse programmée par le Ministère de la Santé qui agit comme "une machine à emboutir" sans souci des vies brisées par le mépris qui s'affiche, désormais sans retenue, parmi les fonctionnaires et les politiques en charge de la santé en France . 

Les combats emblématiques, à Garches pour refuser la fermeture du service d'oncologie pédiatrique dirigé par le docteur Delépine, à Paris pour exiger la réouverture des urgences de l'Hôtel Dieu dirigées par le docteur Gérald Kierzeck, doivent impérativement être soutenus parce qu'ils sont révélateurs de ce qui est en train de se jouer au quotidien.

La proximité, l'humanité la sollicitude sont des nécessités, qu'au nom d'une certaine de l'homo-sapiens, ignorent les "Transhumanistes qui nous viennent d'Amérique" et tous ceux qui désormais en France s'en inspirent sans retenue.

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Leur seul souci est d'imposer dans le monde,  une nouveau type de société au service des intérêts d'une infime minorité. 

Cette infime minorité au final détiendra un pourvoir sur des corps-machines déracinés et dénaturalisés devenus les objets d'un système à produire toujours plus de ce sale argent dont la finalité consiste à accoucher puis à conforter le monde inhumain de demain - post-humain disent-ils - qu'ils nous veulent nous refiler au nom d'un sois-disant mieux être à venir - .

La bataille pour "une démocratie sanitaire", où l'exercice de la médecine ne sera pas assujetti d'une part à un carcan  techno-scientifique inspiré par des scientifiques aux rêves fous et d'autre part imposé aux patients par une administration décérébrée, des médias complaisants,  et des politiques complices de "BIG-PHARMA" doit impérativement d'engager. 

Nous ne pouvons pas laisser faire! Cette bataille est une bataille de l'Ecologie Politique dans laquelle doivent impérativement s'engager les écologistes sincères et les humanistes conséquents.

Bernard FRAU

Délégué général.

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10/03/2014
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