Bisphénol A : l'Anses confirme les risques
Lors
d'une conférence de presse organisée ce matin, l'Agence nationale de sécurité
sanitaire (Anses) a confirmé la nécessité de réduire l'exposition de la
population, et principalement des femmes enceintes, au bisphénol A, accusé
d'être un perturbateur endocrinien.
Pour la première fois, l'agence a pu mesurer les
niveaux d'exposition de la population et mis en évidence un risque de cancer du
sein pour l'enfant à naître des femmes exposées.
L'Anses
a pointé les dangers du bisphénol A, notamment pour les femmes enceintes.
En
septembre 2011, l'Anses avait publié une expertise collective qui montrait les effets
du bisphénol A, même à faible dose et qui
pouvaient varier en fonction du stade de développement1.
Certaines populations, en particulier les femmes enceintes du
fait des risques pour le fœtus, les nourrissons, les jeunes enfants avaient été
plus particulièrement été identifiées, conduisant à interdire le bisphénol A
dans les contenants d'aliments pour bébés en janvier 2013, puis tous les contenants
alimentaires en janvier 2015.
L'expertise de 2013 confirme ces
travaux et leur conclusion concernant la nécessité de réduire les expositions
au bisphénol A2. Parallèlement, l'Anses a présenté trois autres
rapports concernant la famille des bisphénols3, les alternatives possibles4 et les incertitudes entourant les perturbateurs endocriniens5.
L'alimentation première source d'exposition
Marc
Mortureux, directeur général de l'Anses, souligne que, "pour la première
fois au plan international, l'Anses fournit une estimation précise des
expositions réelles de la population au bisphénol A" par voie alimentaire,
respiratoire et cutanée. Il précise que l'agence a réalisé "plusieurs
centaines d'analyses pour le quantifier dans les différents milieux".
Plus de 300 aliments ont notamment été testés. Les résultats de
ces travaux montrent que l'alimentation participe pour plus de 80 % à
l'exposition globale au bisphénol A, principalement via les aliments en boîtes
de conserve qui comptent pour plus de 50 % dans l'exposition alimentaire et
l'eau en bonbonnes de polycarbonate.
Marc
Mortureux précise que supprimer le bisphénol A des contenants alimentaires
suffirait pour annihiler les effets constatés chez le fœtus. Il précise
également qu'il existe par ailleurs "une pollution diffuse" qui
compte pour 25-30 % dans l'alimentation et que l'on retrouve aussi dans l'air
ambiant.
La question des tickets de caisse et de cartes bancaires
(papiers thermiques) a également retenu l'attention de l'Anses, la pénétration
par voie cutanée pouvant s'avérer plus dangereuse du fait du passage direct
dans l'organisme.
Sur les
50 tickets analysés, une très grosse majorité contient du bisphénol A,
quelques-uns du bisphénol S, seuls deux n'ont pas de bisphénol. Les risques
seront évalués plus précisément chez les professionnels les plus exposés, en
particulier les caissières.
Un risque de cancer du sein pour l'enfant à naître
Parmi
les effets sanitaires, avérés chez l'animal et suspectés chez l'homme, l'Anses
s'est principalement attachée à évaluer ceux concernant l'enfant à naître de
femmes enceintes exposées au bisphénol A. Elle les a répartis en quatre types
selon qu'ils concernent le cerveau et le comportement, l'appareil reproducteur
femelle, le métabolisme et l'obésité, et enfin la glande mammaire.
Concernant ce dernier effet, l'Anses met en évidence une
modification de la structure de la glande mammaire pouvant favoriser un risque
de cancer du sein à l'âge adulte. "Nous n'avons pas encore de preuves chez
l'homme à faibles doses sur le long terme, mais des certitudes chez l'animal,
précise Marc Mortureux.
Dans de
telles circonstances, nous considérons qu'il ne faut pas attendre". Le
directeur souligne par ailleurs la multitude d'autres effets possibles chez le
fœtus comme chez d'autres populations.
Il existe des alternatives au bisphénol A
L'Anses
a également dressé un état des lieux des produits de substitution et répertorié
73 alternatives au bisphénol A qu'elle a réparties en fonction de ses
utilisations actuelles (revêtement à l'intérieur des boîtes de conserve,
plastique blanc transparent...).
Marc Mortureux livre sa conclusion : "Il n'y a pas, à ce stade, de produit universel permettant de se
substituer au bisphénol A dans tous ses usages mais de nombreuses alternatives
éprouvées pour la plupart d'entre eux".
Toutes
ne sont cependant pas validées sur le plan de leur faisabilité industrielle, ni
concernant leur innocuité en termes d'impact sur la santé humaine ou
l'environnement. L'Anses estime que c'est aux industriels de s'en charger et
salue les efforts qui sont faits dans ce domaine.
Certains s'étant intéressés aux autres composés de la famille du
bisphénol A (bisphénols B, M, A, S...), l'agence a voulu les évaluer
parallèlement au bisphénol A. Elle constate que les données toxicologiques les
concernant sont insuffisantes et déconseille de les utiliser comme alternatives
du fait de leurs structures chimiques voisines.
L'Anses
a présenté les résultats de ses travaux à l'Agence européenne de sécurité des
aliments (Efsa) qui rendra son propre avis cet automne. Les conclusions de
l'agence américaine de l'alimentation et des médicaments (FDA) sont aussi très
attendues.
1 -
Rapports "Effets
sanitaires du bisphénol A" et "Connaissances relatives aux usages du
bisphénol A", Anses, 27 septembre 2011.
2 - Rapport
d'expertise collective "Evaluation des risques du bisphénol A (BPA) pour la santé
humaine", Anses, 9 avril 2013.
3 -
Rapport d'expertise collective "Autres composés de la famille des bisphénols (Bisphénol
S, F, M, B, AP, AF, BADGE)", Anses, 9
avril 2013.
4-
Rapport d'étude "Substitution du bisphénol A : état des lieux sur les
alternatives au BPA, identification des dangers des substituts potentiels au
bisphénol A", Anses, 9 avril 2013.
5 - Rapport d'appui scientifique et technique sur la synthèse
et étude des auditions en contribution à la saisine n°2009-SA-0331 : "Expertise sur les risques sanitaires pour le consommateur
liés à des substances reprotoxiques et/ou perturbateurs endocriniens présents
dans des produits et/ou articles mis sur le marché ", Anses, 9 avril 2013.
Source : Doctissimo mardi 09 avril 2013 Audrey Plessis
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